Lorsque l’on commence à lire Sang d’Irah, on se dit que ce livre est très prometteur.
Claire Panier-alix n’écrit pas, elle brode...
L'histoire :
Sur l'île Nopalep'am Brode, « La Terre des Hommes » dans le langage des Anciens, les enjeux politiques étaient fort simples : au nord, les Kurstanais, l'Empire des Trolls lycanthropes... et au sud, le désert sacré des Hommes-Dieux d'Orkaz, tous deux malmenés par des climats extrêmes et victimes des incessantes agressions des troupes de la reine de Nicée, Maryanor.
Le jour où le prince Duncan d'Irah se rend à Mosquir à l'appel de la reine de Nicée, il ne sait pas encore qu'elle est la cause des invasions qui ravagent leurs royaumes respectifs. Encore moins qu'il va se retrouver entraîné dans un torrent d'aventures aux multiples rebondissements où se jouent tout à la fois son destin et celui de l'île.
L'auteur nous plonge dans un canevas littéraire très intéressant et très pointu du point de vue linguistique.
Il est agréable de trouver, enfin, un texte bien construit où les mots danse pour former un tout très cohérent.
Sous la plume de l’auteur, on sent une culture médiévale très poussée, certainement due à son diplôme d’histoire médiévale.
Quoiqu’il en soit, remarquons que le résumé ne rend pas justice à l’œuvre, car cette histoire, c’est bien plus qu’une banale histoire d’amour entre deux êtres, teintée de politique.
Ce livre, c’est avant tout une formidable histoire d’amitié entre deux hommes, une histoire de bravoure et de respect, une épopée et le combat de toute une vie pour la paix d’un royaume.
Comme le dit ma copinaute Phooka, ce livre est une chanson de geste, pas un récit d’actions et d’aventures propre aux histoires de Fantasy moderne.
Les personnages sont creusés et poussés dans leur infime retranchement.
Claire panier-Alix réussi à faire passer une émotion intense: on les déteste, on les adore, on les plaint à tour de rôle, tout en suivant leurs exploits et leurs trahisons avec délectation.
Les héros sont peints. On voit chaque coup de pinceaux qui agrémentent l’ensemble des individus. Et au fil du temps, chaque trait met en valeur un nouveau trait de caractère qui amplifie l’ambivalence des protagonistes.
Je n’ai vu dans aucun commentaire le fait que l'auteur ait réussi à créer une nouvelle race imaginaire qui se fond parfaitement dans l’histoire : les trolls lycanthropes.
Ils sont là, ils sont présents, on les sent, on les craint, ils nous dégouttent… bref, ils rendent l’histoire vivante.
Est aussi un personnage hors norme : Sail l’homme-dieu d’Orkaz, qui, à mon sens, est le plus marquant des protagonistes du livre.
De cet homme, se dégage une puissance calme et maîtrisée, une force d’esprit incomparable capable de rivaliser avec les hauts faits d’armes de son ami.
Sail est un messie, un guide pour son peuple mais aussi pour le peuple qu’il n’a pas choisi. Et pourtant, il est peu question de religion là-dedans, je dirais qu’il est plutôt question de tradition.
Sail est tout ce qu’on ne dit pas de lui. Il est marquant par son silence, par sa souffrance, par sa réclusion et par son charisme.
Il est un dieu parmi les hommes…
L’auteur ne laisse rien au hasard, tout est dessiné avec minutie et chaque personnage qui apparaît, chaque fait qui est mené est repris par la suite.
Claire Panier-Alix ne crée pas de situation inutile, toutes les questions et les actions posées en début de livre trouvent une conclusion. Et même le passage où apparaît un semblant de réalité de l’Histoire française est intéressant et se dissipe bien dans le récit.
Au final, je dirais qu’il faut absolument lire ce livre quand on aime la Fantasy et les fresques épiques. D’une part, parce que son auteur est français, et ça donne envie de dire « nous aussi, on écrit de bons livres sur l’imaginaire », d’autre part parce qu’il relève le niveau de certaines œuvres que j’ai pu lire précédemment et qui se prétendent « exceptionnelle ».
Mon commentaire publié sur le blog de Claire Panier-Alix: Ze Blog
Le site de l'auteur: Claire Panier-Alix
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