Je découvre ce livre et cet auteur par le partenariat de Livraddict avec les d’éditions Livre de Poche.
J’avais pas mal entendu parler de Brussolo, mais je n’avais jamais lu aucune de ses œuvres.
L’histoire :
Gilles, un jeune écuyer, voit mourir son maître au cours d'un tournoi. Devenu la propriété du vainqueur, le voilà dès lors contraint de servir un étrange chevalier à l'armure couverte de rouille, et dont personne n'a jamais vu le visage. Ce baron maudit serait-il lié aux enlèvements d'enfants qui terrorisent la contrée ?
Peu après, ce maître mystérieux accepte une mission: retrouver, au coeur d'un manoir perdu dans les forêts du Ponant, un grimoire de sorcellerie dont la possession confère des pouvoirs maléfiques.
Commence alors pour l'écuyer un dangereux voyage, qui va lier son sort à celui d'un monstre et l'entraîner aux confins de la peur.
Et j’avoue que ce livre m’a laissé sur ma faim (sans mauvais jeu de mot).
Je ne sais pas trop quoi en penser.
Je dois être une des rare à ne pas l’avoir apprécié entièrement.
D’un côté, je me dis que l’histoire est sympa, c’est bien écrit, fluide, on lit jusqu’à la fin sans avoir vraiment envie de l’abandonner.
Mais d’un autre, je suis sceptique sur certains passages.
Le cannibalisme.
J’ai fini de le lire il y a 15 jours et il m’a bien fallu tout ce temps-là pour faire des recherches…
Une personne bien intentionnée (l’auteur ?) a pris soin de mettre un avertissement en tout début de livre :
« Les actes de cannibalismes évoqués plus loin furent fréquents au Moyen-Âge […].
Perpétrés pendant les famines, les disettes, ils firent de nombreuses victimes […]. »
Dès cette lecture, j’ai tilté.
Donc me voici à parcourir le net, de long en large et en travers, à la recherche d’un quelconque document, ou article faisant montre de ce genre de choses fréquentes.
Finalement, ne trouvant rien de sérieux, j’ai failli abandonner.
Puis je suis tombée sur le livre de Pierre-Antoine Bernheim et Guy Stavridès « Cannibales ! » grâce au site Ost du Dauphin, qui recense environ 25 "cas-période" sur une période de 645 ans.
Bien sûr, ces extrémismes étant rassemblés dans le temps, cela nous paraît énorme. Mais il faut « étudier » les choses d’une manière différente : 25 cas sur 645 ans (et j’ai bien peur que certains de ces cas ne soit que propagande pour faire peur aux gens, peur de l’église, histoires au coin du feu etc), cela représente 1 cas tout les 26 ans ! Soit 1 cas dans la vie d’un homme puisqu’à l’époque on ne vivait pas bien vieux (et pas forcément parce qu’on se faisait bouffer lol).
Le nombre de personnes mangés paraît aussi très important (plusieurs milliers de personnes, vraisemblablement), mais si on comptabilise la population totale des pays concernés (25 à 30 millions en Europe à l'époque de Charlemagne), je suis désolée de dire que cela représente un chiffre minime (1/3.000 peut-être un peu plus).
Bref, je ne suis pas contre dire qu’il y a eu du cannibalisme au moyen-âge mais dire qu’il a été fréquent me gène.
Maintenant, je reste ouverte à d’autres preuves et explications qui démontreraient que mon raisonnement est faux.
D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi l’auteur prend la peine de se justifier, sachant que son œuvre est fictive, et ne respecte même pas entièrement les évènements de l’époque.
Avec notamment cette belle invraisemblance: « un géant de carton-pâte de carnaval » à une époque où l’on utilisait des parchemins.
Cela, ce n’est que sur le fond historique.
Sur la forme, je n’ai pas réussi à rentrer dans la peau des personnages.
Le héros qui raconte l’histoire, Gilles, est un couard du début à la fin.
Il est au service d’un 1° chevalier à qui il ne fait qu’obéir.
Vient le 2° chevalier, qui le « gagne » et qui l’entraine dans son périple.
La raison qui pousse ce dernier à tuer le 1° maître de Gilles n’est pas « intéressante ».
Elle n’apporte rien à l’histoire. Elle met en place un événement important : Foulques tue Thibault pour récupérer Gilles et sa pâte « magique » qui fait briller les armures.
Mais ensuite, rien. Il n'y a pas de conclusion à cette évènement.
Gilles fait briller l’armure de son nouveau maître une fois (et au bout d’un loooong moment), voit quelques trucs (qui ne serviront pas non plus par la suite) et c’est tout.
Et s'il y a bien un truc que j'ai appris en cours d'écriture, c'est de ne pas introduire un évènement important si on ne s'en sert pas par la suite...
Gilles reste peureux et c’est agaçant.
Jamais il ne prend de décision, jamais il ne fait preuve de bravoure, et les quelques éclairs de courage qui l’émaille sont tout de suite ternis par la peur de la sorcellerie, de son seigneur ou de Dieu.
Il est amoureux de Tara mais ces sentiments ne ressortent pas, ils restent froids et ne se communiquent pas au lecteur.
La fin, quoiqu’il y ait un petit rebondissement intéressant (la pelote de laine et la sorcière cachée), est trop « facile » : on tue Foulques sans combat, sans que les personnages principaux puissent faire face à l’horreur de ce qu’il a fait, sans opposition de personne, sans jugement… Facile, rien à expliquer comme ça.
Cela revient à la même réflexion faite plus haut : on induit un action importante (Foulques mange des enfants), tout au long du livre, les héros se demandent pourquoi (même s’ils connaissent la légende de sa malédiction) et comment le guérir, mais on ne répond à aucune de ces questions à la fin.
Tara est tuée, même constat, ça fait un peu : « pour aller plus vite ».
Et Gilles tue la sorcière « facilement » par un seul acte de rage (pas de courage).
Bref, ils meurent tous à la suite les uns des autres, sans conclusion.
À la fin, il ne reste rien du périple qu’ils ont vécu… c’est bête quand même !
Une dernière chose sur laquelle je n’ai pas accroché : le massacre des enfants. Comme je l’ai précisé dans des billets précédents, la violence crue n’est pas ma tasse de thé.
Pour conclure, je dirais que je n’ai que moyennement accroché avec ce livre.
Il n’a pas été déplaisant, mais je reste sur ma faim…
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